« Ferme ta gueule, baisse la tête, fais ton boulot. Et si tu n’es pas content, dégage ! » Cette phrase, je l’ai entendue des centaines de fois. Elle concentre toute la violence qui règne dans cet espace dérobé aux regards. Les ouvriers souffrent et les animaux ne sont pas traités avec la dignité qu’il faudrait. Après sept années de silence, j’ai pris la décision de témoigner à visage découvert pour dénoncer la misère animale et la détresse humaine. Pour mieux les affronter, j’ai filmé ces images qui me faisaient cauchemarder. Tournées sur mon lieu de travail et confiées à l’association de protection animale L214, elles ont fait le tour du monde. On y voit des dizaines de foetus prêts à naître jetés à la poubelle comme de vulgaires déchets. La plus grande ferme du monde avortée pour des raisons de productivité, au mépris du bon sens et de toute décence. Voici mon témoignage. Celui d’une longue descente aux enfers, suivie d’une lente reconstruction. Mon récit est dur, parfois, mais nécessaire. Nous ne pouvons pas ignorer plus longtemps toute la souffrance que contient notre assiette. Mauricio Garcia Pereira est né en Espagne, a grandi dans une Ferme de Galice où il a appris à aimer et à respecter les animaux. Après avoir exercé plusieurs métiers, il arrive à Limoges où il se fait embaucher dans le plus grand abattoir public de France. Il signe ici un témoignage choc sur le scandale des mauvaises pratiques des abattoirs au mépris de la souffrance animale.
La personnalité juridique de l’animal est un ouvrage ayant pour objectif partiel de proposer la reconnaissance de la catégorie de personne physique non humaine et la création d’un régime propre à l’animal de compagnie. La loi n° 2015-177 du 16 février 2015 a défini les animaux comme des « êtres vivants doués de sensibilité », marquant une évolution du droit français. Ne bénéficiant ni de la personnalité juridique, ni d’un régime juridique nouveau, les animaux demeurent néanmoins, sous réserve des lois qui les protègent, soumis au régime des biens. Cet ouvrage invite à refondre la catégorie des personnes afin d’y intégrer l’animal, favorisant la création d’un régime juridique cohérent et efficace. Le droit français distingue aujourd’hui les personnes morales des personnes physiques. Parmi ces dernières, il est proposé de créer, à côté des personnes humaines, la catégorie des personnes non-humaines, distinguant les animaux des hommes. Les interventions rassemblées dans cet ouvrage expliquent pourquoi cette proposition de création d’une personnalité juridique pour les animaux est non seulement possible, mais également souhaitable. Le législateur apporterait ainsi les réponses théoriques et pratiques aux nombreuses incohérences de notre droit sur la question des animaux.
Le code civil ne dispose que de deux catégories : les personnes et les choses. Depuis février 2015, le code civil définit les animaux comme des « êtres vivants doués de sensibilité ». Malgré cette modification, ils demeurent soumis au régime des choses appropriables. Légalement, ces êtres existent pour servir l’humain, et non de manière intrinsèque. L’animal, comme l’esclave de la Rome antique, appartient à son maître. Il est son bien. Comment sortir de cette impasse ? Quelle est la stratégie des défenseurs des droits des animaux ? Quel type de droits réclament-ils et sur quels fondements ? Dans ce texte engagé, Florence Burgat montre comment la notion de « personne » permet de faire évoluer le statut juridique des animaux vers un plus grand respect. Nul besoin de ressembler à un humain adulte autonome et responsable pour être juridiquement une personne. Florence Burgat, née en 1962, est une philosophe française, directrice de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE), affectée aux archives Husserl (ENS-PSL-CNRS) depuis 2012. Elle s’intéresse particulièrement à la vie animale, à la condition animale et au droit animal.
Si les yeux sont une fenêtre sur l’âme alors le regard que pose Mama – la matriarche de la colonie de chimpanzés du zoo d’Arnhem au crépuscule de sa vie -, sur Jan van Hooff, un professeur de biologie qui l’a côtoyée pendant plus de quarante ans, en dit long sur la sensibilité animale. C’est le point de départ du voyage auquel nous convie Frans de Waal. Une véritable plongée au coeur de l’émotion animale, qui nous invite à reconsidérer toutes nos certitudes. Les recherches récentes sont en effet sans appel : les mammifères et la plupart des oiseaux ressentent des émotions : joie, peur, colère, désir, tristesse, besoin d’intimité, deuil, soif de pouvoir ou sens de l’équité… Aux accusations d’anthropomorphisme – cette tendance à assimiler l’attitude des animaux à celles des hommes -, Frans de Waal oppose l’«anthropodéni», c’est-à-dire la croyance vaniteuse des hommes en l’incomparabilité de leur espèce. Le primatologue américano-néerlandais apporte son expérience aux grands débats éthiques et philosophiques contemporains. Il conteste la séparation entre corps et esprit, entre émotion et raison, ainsi que la rupture humain-animal. Tout au long de cet ouvrage fascinant, il montre combien l’intelligence émotionnelle structure la vie de tous les animaux sociaux. Frans de Waal, né le 29 octobre 1948 à Bois-le-Duc (Pays-Bas) et mort le 14 mars 2024 à Atlanta (Géorgie, États-Unis), est un primatologue et éthologue néerlandais Il est professeur en éthologie des primates au département de psychologie de l’université Emory à Atlanta et directeur du Centre des chaînons vivants (Living Links Center) au Centre national Yerkes de recherche sur les primates (Yerkes National Primate Research Center) à Atlanta. Il a publié de nombreux livres de vulgarisation dont La Politique du chimpanzé, De la réconciliation chez les primates et Le Singe en nous.
Êtes-vous spéciste ? Autrement dit, trouvez-vous normal que l’on exploite des animaux pour la seule raison qu’ils ne sont pas humains ? En particulier, vous autorisez-vous à en manger certains ? Si c’est le cas, à l’instar des racistes qui opèrent une discrimination fondée sur la race, vous seriez un adepte d’une idéologie qui opère une discrimination arbitraire fondée sur l’espèce. C’est en tout cas la thèse de ce livre qui entreprend une déconstruction en règle de ce spécisme.Constitué de textes fondamentaux du combat antispéciste français écrits ce dernier quart de siècle en faveur d’une société égalitaire, il offre une réflexion très critique des modes de pensées qui justifient nombre de rapports de domination dans notre société. En particulier, cet ouvrage montre comment l’assimilation au monde naturel de certains êtres sensibles (les Noirs, les femmes, les animaux) est ce qui a permis et, concernant les animaux, permet toujours leur asservissement par ceux qui se voient appartenir au monde de la culture (les Blancs, les hommes, les humains…). Bref, voici un livre qui invite la société à faire sa révolution antispéciste.
Qu’est-ce qui distingue l’esprit d’un homme de celui d’un animal ? La capacité de concevoir des outils ? La conscience de soi ? L’emprise sur le passé et le futur ? Au ? l des dernières décennies, ces thèses ont été érodées ou même carrément réfutées par une révolution dans l’étude de la cognition animale. Voici des pieuvres qui se servent de coques de noix de coco comme outils ; des éléphants qui classent les humains selon l’âge, le sexe et la langue ; ou Ayumu, jeune chimpanzé mâle de l’université de Kyoto, dont la mémoire fulgurante rivalise avec celle des humains. Sur la base de travaux de recherche effectués avec de nombreuses espèces, Frans de Waal explore l’étendue et la profondeur de l’intelligence animale, longtemps sous-estimée. Dans ce livre passionnant, le célèbre éthologue invite à réexaminer tout ce que l’on croyait savoir sur l’intelligence animale… et humaine.
Et si chacun d’entre nous pouvait changer la société ? Avec Théorie du tube de dentifrice, Peter Singer retrace la vie et les méthodes d’Henry Spira. A lui seul, cet activiste américain a réussi à faire plier McDonald’s, le directeur du FBI ou encore L’Oréal. Son modus operandi : des cibles soigneusement sélectionnées, de l’empathie envers ses ennemis, des propositions alternatives. Et, quand le dialogue ne suffit pas, la confrontation. A la fois biographie et manifeste, ce livre est un shoot d’inspiration pure. À la lecture de cette biographie titrée Ethics Into Action, nous sommes immédiatement séduits par le pragmatisme et l’état d’esprit de Spira. À travers son histoire se dégagent des méthodes pour transformer, dans un même mouvement, le monde et sa propre personne : toujours privilégier le dialogue à la confrontation ; proposer une alternative crédible à ce que l’on dénonce ; ne jamais tromper les médias ou le public ; ne pas diviser le monde entre les saints et les pécheurs ; éviter l’entre-soi du militantisme… « Son travail, résume Peter Singer, peut nous enseigner comment transformer nos positions morales en actions, afin qu’elles puissent avoir un impact sur le monde. »
Une femme, écrivain, face aux assauts de la vieillesse. Chaque jour qui passe la rapproche de l’ombre, et elle constate, avec calme et lucidité, la déliquescence de ses facultés mentales. Autour d’elle se pressent les enfants, qui s’inquiètent pour elle, l’admonestent de quitter l’Australie pour les rejoindre. Elle s’y refuse pourtant, préférant affronter l’inéluctable dans la liberté et l’indépendance de la solitude, s’interrogeant jusqu’au bout, sans relâche, sur le sens de sa propre existence et sur la nature profonde de notre humanité. En sept tableaux romanesques, J. M. Coetzee nous offre un somptueux portrait de femme et une leçon de littérature, aussi dense que brève. Dans une langue d’une épure admirable, il touche au cœur de nos interrogations les plus complexes et universelles (que restera-t-il de nous lorsque nous serons partis ? que transmet-on à ceux qui restent ?) et les affronte sans jamais se départir de sa suprême élégance, de sa dignité et de son humilité.
Alors que la consommation de produits d’origine animale (viande, lait, oeufs) est de plus en plus remise en cause de nos jours, des » intellectuels » français (universitaires, journalistes, experts) s’en prennent régulièrement aux végétaliens et véganes qui militent pour l’arrêt total de cette consommation. Citons, sans être exhaustif, Raphaël Enthoven, Luc Ferry, Elisabeth de Fontenay, Périco Légasse, Dominique Lestel, Marylène Patou-Mathis, Natacha Polony, Jocelyne Porcher, Francis Wolff. A travers des livres, des articles ou en intervenant sur des plateaux de télévision, ils critiquent, dénoncent et moquent les défenseurs des animaux. Ce n’est pas sans conséquences. De nos jours, peu de personnes restent insensibles au sort des animaux de rente. Quand un film est tourné à l’intérieur d’un abattoir et diffusé dans les médias, la plupart des gens sont choqués. Puis, confrontés aux arguments des végétaliens et véganes, ces personnes cherchent des réponses. Que penser ? Que faire ? Que manger ? Or voilà que ces intellectuels viennent leur dire que les végétaliens et véganes ont tort. A chaque fois, le principe de base de l’éthique qui avance que nous ne devons pas faire souffrir et tuer un être sensible, juste pour notre plaisir, est oublié ou mal interprété. A la place, ces intellectuels avancent des arguments qui défient la logique, ne reposent sur aucun fondement rationnel et encouragent la cruauté. Mais ils confortent ainsi une société qui, parce qu’elle ne veut pas changer ses habitudes culinaires, tue sans nécessité une quantité faramineuse d’animaux. Aussi ce livre prend-il le parti de les dénoncer haut et fort ; pas pour le plaisir de critiquer, mais dans l’espoir que cette mise au point contribue à faire cesser le grand massacre des animaux de rente et serve à lancer un débat constructif sur leur place dans la société.
Un CV imaginaire, une fausse identité, et un crâne rasé. Steak Machine est le récit d’une infiltration totale de quarante jours dans un abattoir industriel en Bretagne. Geoffrey Le Guilcher a partagé le quotidien des ouvriers : les giclées de sang dans les yeux, les doigts qui se bloquent et les défonces nocturnes. Un univers où, selon un collègue de l’abattoir, « si tu te drogues pas, tu tiens pas ». L’usine ciblée par le journaliste abat deux millions d’animaux par an. Une cadence monstrueuse qui mène inéluctablement au traitement indigne des hommes et des animaux. Après trois ans aux Inrockuptibles, Geoffrey Le Guilcher, 32 ans, est devenu journaliste indépendant et éditeur. Il collabore avec Mediapart , Le Canard enchaîné , Streetpress et Les Jours.
Ouvrage extraordinaire. Pourquoi mangeons-nous de la viande ? L’être humain a-t-il toujours été carnivore et est-il voué à le rester ? C’est à ces questions apparemment simples que Florence Burgat entreprend de répondre dans un ouvrage appelé à faire date : il s’agit d’une véritable somme sur la question de l’« humanité carnivore ». Florence Burgat montre qu’on ne saurait se contenter de répondre, avec un haussement d’épaules, « parce que c’est bon » : la chair humaine est réputée aussi avoir bon goût, ce qui n’empêche pas l’anthropophagie de faire l’objet d’un interdit très largement répandu (mais lui-même non universel). Et il existe dans l’histoire et la préhistoire différents modes d’alimentation d’où la viande est absente ou marginale. Il faut interroger les mythes et les rituels, les soubassements anthropologiques de la consommation de viande – y compris un certain goût pour la cruauté, l’idée même de la mise à mort, du démembrement et de la consommation d’êtres vivants, par où l’humain éprouve sa supériorité sur les animaux. La découverte d’un principe d’équivalence au cœur de la logique sacrificielle (la substitution d’un végétal à une victime animale ou humaine) est ce sur quoi Florence Burgat prend finalement appui pour proposer une voie de sortie originale et montrer comment les viandes végétales et in vitro pourraient se substituer aux viandes animales que l’humanité a pris l’habitude de manger. Florence Burgat est philosophe, directeur de recherche à l’INRA, détachée aux Archives Husserl de Paris. Elle travaille sur la condition animale, notamment sous un angle phénoménologique.
Comment traite-t-on les animaux au pays de la vache sacrée ? Lors d’une mission en Inde, Florence Burgat a eu l’occasion de visiter plusieurs refuges et de rencontrer de nombreux responsables d’organismes de défense des animaux. Elle revient aujourd’hui sur cette expérience et nous donne à lire le récit sobre et sensible de son journal de voyage, complété par un essai et d’une anthologie de textes du Mahatma Gandhi. Alternant approches subjectives et documentées, ce recueil original nous livre une conception de l’animal aussi complexe que déroutante. Florence Burgat, philosophe, est l’auteure de plusieurs ouvrages fondamentaux sur la question animale.
« Leurs journées commencent en général avant celle des autres, au milieu de la nuit. Ils saignent, découpent, dépècent et désossent. L’obsession est de suivre les cadences et de tenir. Au départ, c’est un petit boulot, et ça devient un métier. En France, 50 000 ouvriers travaillent dans les abattoirs. Ils tuent et découpent, chaque jour, trois millions d’animaux et les transforment en steaks, côtelettes ou saucisses. Pendant trois ans, je suis partie à la rencontre de ces mal-aimés qui nourrissent les Français. Je les ai écoutés, j’ai entendu leur souffrance. Pour ce livre, je les ai rejoints sur la chaîne, quelques jours, sans me cacher, histoire de “faire les gestes”. Pour comprendre. » Cet endroit à part, où l’on travaille dans le sang et les viscères, on le voit rarement d’aussi près. Pas même en vidéo. Sans parler de la « tuerie », le lieu auquel personne ne veut penser. Alternant portraits, rencontres et témoignages, Olivia Mokiejewski nous offre un récit puissant et salutaire. Bienvenue dans le monde tabou de l’industrie et de la mort. Olivia Mokiejewski est une journaliste française née le 6 juin 1977 à Suresnes. Elle est spécialisée dans l’économie de l’environnement et a participé à la réalisation de documentaires télévisuels traitant de l’écologie.
Faut-il faire du droit animalier une discipline à part entière ? Ce qui pourrait être considéré comme un pan du droit environnemental est sur le point aujourd’hui de voler de ses propres ailes, poussé par des sociétés de plus en plus enclines à considérer les animaux dignes de justice. Retracer l’histoire de ce droit animalier, qui régit l’encadrement des animaux tant pour s’en prémunir que pour les protéger, c’est glisser de l’anthropocentrisme à l’urgence contemporaine de la préservation de la biodiversité, de I’« animal-machine » de Descartes aux « êtres vivants doués de sensibilité » de la loi française du 16 février 2015. Cette prise en compte croissante dans la sphère juridique d’un <‹ droit des animaux » théorique implique aujourd’hui la nécessité de repenser un rapport des hommes aux animaux non plus fondé sur l’hostilité et la méfiance, mais sur la prévention et la protection des uns et des autres. Devant la révolution que la soudaine mise en lumière du droit animalier a instaurée ces dernières années, cet ouvrage fait le point sur l’état de ce nouveau droit à travers les sources et les décisions de justice, et plaide pour la reconnaissance d’une discipline qui affecte déjà tous les autres pans du droit. Jean-Pierre Marguénaud, professeur agrégé de droit privé et de sciences criminelles à l’université de Limoges, est chercheur à l’Institut de droit européen des droits de l’homme de l’université de Montpellier et dirige la Revue semestrielle de droit animalier. Florence Burgat est directeur de recherche en philosophie à l’Institut national de la recherche agronomique, membre des Archives Husserl de Paris (ENS-CNRS). Jacques Leroy, professeur agrégé de droit privé et de sciences criminelles à l’université d’Orléans, est doyen honoraire de la faculté de droit, d’économie et de gestion et directeur du centre de recherche juridique Pothier.
La bible antispéciste par excellence. Notre livre de chevet. » L’antispécisme milite pour l’intégration de tous les êtres vivants sensibles dans une même famille de considération morale. Vu sous un autre angle, cela signifie que l’antispécisme revendique l’appartenance de l’espèce humaine à une communauté beaucoup plus large qu’elle-même, celle des animaux. Il s’agit de notre communauté d’origine, dont nous ne sommes jamais sortis, malgré nos tentatives désespérées pour le faire croire et l’obstination à renier nos origines. Nous ne sommes que les jeunes visiteurs d’un zoo égaré au milieu de nulle part. « Antispéciste explore la génétique, la cosmologie, l’éthologie, le droit et la philosophie pour expliquer pourquoi nous sommes tenus aujourd’hui d’accorder certains droits élémentaires aux animaux non humains sensibles. Mais cette extension de notre sphère de considération morale s’inscrit dans une réflexion beaucoup plus large. En invitant à repenser le vivant et la place de l’homme dans l’univers, Antispéciste décrypte les raisons de l’échec de l’écologie politique traditionnelle et propose un nouveau projet nommé l’écologie essentielle, qui doit aboutir à une réforme constitutionnelle pour prendre en compte la valeur intrinsèque de tous les êtres vivants. Antispéciste pose également des questions inédites : qui sont les animalosceptiques ? Pourquoi l’antispécisme est-il un combat social ? Pourquoi Superman est-il un superhéros antispéciste ? Pourquoi le vrai but de l’écologie est-il en réalité de faire sortir l’homme de la nature ? Qu’est-ce que la réduction de l’empreinte négative ? Pourquoi les éleveurs ont-ils intérêt à rejoindre les antispécistes ? Antispéciste est un appel au soulèvement des consciences. Un appel à la révolte individuelle. Un appel à un nouvel humanisme. Aymeric Caron est journaliste et écrivain. Il est l’auteur d’Envoyé Spécial (2003), No Steak (2013) et Incorrect (2014). Il invite à une nouvelle réflexion sur la nature et les droits des animaux.
Pendant plus d’un an, Audrey Jougla a enquêté en caméra cachée dans les laboratoires publics et privés français pour comprendre la réalité de l’expérimentation animale. Quels sont les tests pratiqués aujourd’hui ? Dans quel but ? En Europe, plus de 11,5 millions d’animaux subissent chaque année des tests, qui ne concernent pas seulement les rongeurs mais de nombreuses espèces familières comme les chats, les chiens, les chevaux ou les singes. En poussant les portes de ces lieux interdits au grand public, où personne n’a encore pu accéder sans effraction, Audrey Jougla nous embarque dans le récit de son aventure aux côtés des militants de la cause animale. Une enquête inédite et un récit saisissant sur la souffrance infligée aux animaux, qui interroge notre humanité face à l’absurdité de la violence. Audrey Jougla, née le 27 mars 1985 à Saint-Cloud, est une auteure, essayiste et professeure de philosophie française.
Pendant des années, de Waal a vu des chimpanzés réconforter des voisins en détresse et des bonobos partager leurs aliments. Aujourd’hui, il publie sur les semences du comportement éthique dans les sociétés primates de nouvelles preuves fascinantes, qui renforcent encore la thèse des origines biologiques du sens humain de l’équité. Tissant son texte de récits saisissant issus du règne animal et d’analyses philosophiques judicieuses, de Waal cherche à expliquer la morale par un processus venu d’en bas, en insistant sur ce qui nous lie aux animaux. Ce faisant, il explore pour la première fois les conséquences de son travail pour notre compréhension de la religion moderne. Quel que soit le rôle des impératifs moraux qu’elle édicte, il la perçoit comme une « ouvrière de onzième heure », venue se surajouter à nos instincts naturels de coopération et d’empathie. Mais à la différence de l’athée dogmatique qu’évoque le titre de son livre, de Waal ne méprise nullement la religion en tant que telle. Puisant à la longue tradition de l’humanisme qu’illustre le peintre Jérôme Bosch, il demande aux lecteurs réfléchis de se poser ces questions sous un angle positif : la religion a-t-elle un rôle à jouer pour le bon fonctionnement d’une société d’aujourd’hui, et si oui lequel ? Où croyants et non-croyants peuvent-ils trouver l’inspiration pour bien vivre ? Riche en références culturelles et en anecdotes sur le comportement des primates, Le bonobo, Dieu et nous élabore un raisonnement original et captivant fondé sur la biologie évolutionniste et la philosophie morale. Pensant toujours hors des sentiers battus, de Waal apporte une nouvelle perspective encourageante et rassembleuse sur la nature humaine et sur nos efforts pour donner sens à notre vie. Frans de Waal, né le 29 octobre 1948 à Bois-le-Duc (Pays-Bas) et mort le 14 mars 2024 à Atlanta (Géorgie, États-Unis), est un primatologue et éthologue néerlandais. Il est professeur en éthologie des primates au département de psychologie de l’université Emory à Atlanta et directeur du Centre des chaînons vivants (Living Links Center) au Centre national Yerkes de recherche sur les primates (Yerkes National Primate Research Center) à Atlanta. Il a publié de nombreux livres de vulgarisation dont La Politique du chimpanzé, De la réconciliation chez les primates et Le Singe en nous.
L’animal est-il une personne ? Longtemps nous avons considéré les animaux comme ceux que la nature avait privés des qualités que nous, les humains, possédons : l’aptitude à raisonner, apprendre, communiquer, s’adapter, décoder, transmettre, enseigner, progresser… Les travaux scientifiques ont pulvérisé cette idée reçue et, depuis la dernière décennie, ils nous surprennent encore plus. Qui sont vraiment les animaux ? On les savait joueurs, blagueurs, rieurs, féroces parfois ; on les découvre tricheurs, menteurs, trompeurs, mais aussi aimants, mélancoliques ou encore émotifs, stratèges, sensibles aux intentions d’autrui, capables de respecter une morale ou d’élaborer une culture. La très grande ingéniosité des tests et l’extraordinaire diversité des observations scientifiques (éthologie, génétique, psychologie, zoologie, primatologie, neurosciences) nous révèlent les facettes de l’intelligence et de l’identité animales, et prouvent l’absurdité qu’il y a à réduire les compétences de la bête à la seule force de son instinct. Car en dépit des caractéristiques qui fondent l’homogénéité de son espèce, chaque animal est un individu à part entière, un être social unique, complexe, et par là même un sujet de droit. Des singes aux léopards, des éléphants aux antilopes, des baleines aux dauphins, l’auteur nous propose une approche de l’altérité qui apporte beaucoup au débat sur l’exploitation et la manipulation animales. Un plaidoyer fort documenté en faveur de la personne animale.
Plaidoyer végétarien romancé de l’écrivain américain Jonathan Safran Foer. Sorti le 2 novembre 2009 aux États-Unis, il est traduit en français par Gilles Berton et Raymond Clarinard et paraît aux Éditions de l’Olivier le 6 janvier 2011. Comment traitons-nous les animaux que nous mangeons ? Convoquant souvenirs d’enfance, données statistiques et arguments philosophiques, Jonathan Safran Foer interroge les croyances, les mythes familiaux et les traditions nationales avant de se lancer lui-même dans une vaste enquête. Entre une expédition clandestine dans un abattoir, une recherche sur les dangers du lisier de porc et la visite d’une ferme où l’on élève les dindes en pleine nature, J.S. Foer explore tous les degrés de l’abomination contemporaine et se penche sur les derniers vestiges d’une civilisation qui respectait encore l’animal. Choquant, drôle, inattendu, ce livre d’un des jeunes écrivains américains les plus doués de sa génération a déjà suscité passions et polémiques aux États-Unis et en Europe.
Cet ouvrage est un essai de philosophie politique des philosophes Sue Donaldson et Will Kymlicka, originellement paru en 2011 (2016 pour la traduction française). Il propose une théorie des droits des animaux qui, pour la première fois, ne se limite pas aux « droits négatifs » (droit de ne pas souffrir, de ne pas être entravé, enfermé, mis à mort…), mais s’étend à des « droits relationnels et différenciés », pour faire des animaux des membres à part entière de la société. Les auteurs distinguent ainsi trois catégories d’animaux, donnant lieu à différents droits selon la place qu’ils occupent dans la société et leurs modes d’interaction avec les êtres humains : les animaux « domestiques citoyens », « sauvages souverains », et « liminaires résidents » (tels les pigeons ou les rats, peuplant les villes à côté des êtres humains sans être ni domestiques ni sauvages). Zoopolis est un ouvrage de référence pour la théorie des droits des animaux et l’antispécisme.
Face à une société individualiste, en grave déficit d’empathie et de compassion, Frans De Waal tire la sonnette d’alarme. Dans un livre qui fera date, remarquable d’intelligence, de vie, de culture, et d’humour, il démontre à travers nombre d’exemples du monde animal et de sociétés humaines, combien la coopération et l’entraide, contrairement aux idées reçues, sont essentielles à la survie des espèces. Un livre de nature et de science qui a une forte portée politique. L’édition américaine du livre est tiré à 50 000 exemplaires. Sommes-nous sur terre, comme on l’affirme si souvent, que pour servir notre propre survie et nos intérêts personnels ? Est-il vraiment dans la nature humaine de nous poignarder dans le dos les uns des autres pour gravir les degrés de la hiérarchie ? Le comportement égoïste et l’esprit excessif de compétition, souvent justifiés comme instinctifs et conformes aux théories de l’évolution, sont dans ce livre magistralement remis en cause. Un livre brulant d’actualité au moment où la crise met en exergue les terribles excès de l’individualisme et du primat donné à la notion de concurrence. Fort de son expérience sur le terrain , de ses recherches en anthropologie, psychologie, comportement animal et neurosciences, de ses expériences en laboratoire sur les chimpanzés, les bonobos et les singes capucins – ainsi que sur les dauphins et les éléphants – Frans de Waal , le plus célèbre des ethologues, nous montre également, exemples à l’appui, que de nombreux animaux sont prédisposés à prendre soin les uns des autres, à s’entraider et, dans certains cas, à se mobiliser pour sauver la vie des autres. Bref la possibilité d’empathie n’est pas comme on le croyait jusqu’alors le propre de l’homme. Ecrit dans un langage accessible à tous, regorgeant d’anecdotes, marqué par un humour empreint d’ironie et par une intelligence incisive, L’Age de l’empathie en mettant la coopération au cœur de l’évolution des espèces ouvre des perspectives passionnantes dans les domaines de la politique, de l’économie et dans notre manière d’être au monde.
Difficile de parler de cet ouvrage magistral sans émotion. Ce livre marquera l’histoire de la lutte antispéciste et son auteur occupera toujours une place particulière dans notre cœur. On ne remerciera jamais assez Jean-Luc pour son courage, sa ténacité et son humanité envers et contre tous et toutes. La viande coûte cher aux animaux. Engraissés dans des bâtiments obscurs dont ils ne sortent que pour être abattus, privés de toute relation avec leurs congénères, entravés, parfois sanglés au point de ne pouvoir bouger, ces animaux sont tués à la chaîne dans l’indifférence la plus absolue. Les enquêtes effectuées par Jean-Luc Daub dans les abattoirs français durant une quinzaine d’années lèvent le voile sur le malheur de milliards d’animaux. La force de ce témoignage tient dans la description, d’une précision extrême, des opérations d’abattage qui font inexorablement passer les bêtes de vie à trépas, dans ces lieux dont la législation dit qu’« aucun animal ne doit ressortir vivant ». Les instances qui ont compétence pour faire appliquer la réglementation en matière de protection des animaux font preuve d’une passivité qui confine à la complicité. Plus largement, c’est à une réflexion de fond sur la condition des animaux élevés pour être mangés que ce livre nous invite. Pourquoi les avons-nous à ce point bannis de tout Parallèlement à son activité d’enquêteur dans les abattoirs pour des associations de protection animale, Jean-Luc Daub travaille en Alsace dans le secteur médico-social ; il est éducateur technique spécialisé auprès de personnes atteintes de troubles psychotiques.
Elizabeth Costello, romancière vieillissante, doit sa célébrité à un livre publié il y a 25 ans. Aujourd’hui, elle parcourt le monde pour donner des conférences sur des bateaux de croisière et dans des colloques huppés. Malgré la fatigue, elle doit assurer le spectacle… J.M. Coetzee nous dresse le vibrant portrait d’une vieille dame déboussolée, rongée par le doute et l’interrogation sur le pouvoir de la littérature face à la solitude et à la mort. » Elle n’est pas sûre, en entendant sa propre voix, de croire encore en ce qu’elle dit. » Ce livre éblouissant est un vibrant éloge de l’incrédulité, dans un monde gavé de certitudes et de préjugés. «
Et si la psychologie humaine s’inscrivait dans le prolongement de celle des animaux, qu’il s’agisse de la violence, de l’empathie, ou même de la morale ? C’est la thèse que défend Frans de Waal, primatologue de réputation internationale, dans Le Singe en nous : il s’oppose aux théories de l’exception humaine, qu’elles fassent de l’homme une espèce destinée à dépasser une animalité mauvaise ou qu’elles le présentent comme une aberration de la nature, dont les progrès techniques et intellectuels sont peu en rapport avec sa capacité à gérer son agressivité. A travers l’étude des deux grands singes qui nous sont le plus proches, le chimpanzé et le bonobo, Frans de Waal décrypte notre comportement. Si les chimpanzés incarnent notre face agressive, lesbonobos correspondent au versant doux et empathique de l’espèce humaine : primates pacifiques, ils vivent dans des sociétés matriarcales où la fréquence des rapports sexuels permet d’aplanir les conflits. En s’appuyant sur nombre d’anecdotes fascinantes, mais aussi sur des recherches approfondies, l’auteur brosse un portrait du » singe bipolaire » qu’est l’homme. Il utilise aussi le formidable laboratoire que constituent les sociétés de chimpanzés et de bonobos pour aborder les problèmes de la vie en commun chez les êtres humains. Incroyable réservoir d’informations sur la vie des grands singes, ce livre tend à l’humanité un miroir qui lui permettra peut-être de mieux gérer ses propres instincts. Frans de Waal, né le 29 octobre 1948 à Bois-le-Duc (Pays-Bas) et mort le 14 mars 2024 à Atlanta (Géorgie, États-Unis), est un primatologue et éthologue néerlandais. Il est professeur en éthologie des primates au département de psychologie de l’université Emory à Atlanta et directeur du Centre des chaînons vivants (Living Links Center) au Centre national Yerkes de recherche sur les primates (Yerkes National Primate Research Center) à Atlanta. Il a publié de nombreux livres de vulgarisation dont La Politique du chimpanzé, De la réconciliation chez les primates et Le Singe en nous.
Membres à part entière de nos familles, nos animaux de compagnie sont souvent les premiers à nous rappeler à quel point les animaux sont sensibles et ont chacun leur personnalité, à quel point ils sont des individus avec des intérêts propres. Nous savons qu’aucun animal ne souhaite souffrir, et affirmons qu’aucune souffrance ne devrait lui être infligée en l’absence de nécessité. Pourtant, chaque jour, nous cautionnons l’insoutenable, et les animaux qui n’ont pas la chance d’être nos chiens ou nos chats endurent d’extrêmes souffrances pour notre simple confort. A l’heure où chacun prétend aimer les animaux, il est frappant de constater que notre société les traite encore plus négligemment que des objets : nous les inséminons artificiellement pour le plaisir de manger la chair de leurs petits, nous applaudissons leur torture dans des cirques, nous nous parons de leur cadavre… que nous arrive-t-il ? Francione pose un diagnostic ; nous souffrons de schizophrénie morale. Heureusement, rien d’incurable, et le remède est aussi simple qu’efficace : après l’esclavage humain, il nous faut abolir l’exploitation animale.
L’Antiquité fut en quelque sorte un âge d’or pour les bêtes. Car si les hommes offraient des animaux en sacrifice à Dieu, aux dieux, ils s’accordaient sur leur statut d’êtres animés et avaient pour elles de la considération. Certes, bien des questions demeuraient ouvertes, et les philosophes de ce temps ne manquèrent pas de s’entredéchirer en tentant d’y répondre. Les animaux pensent-ils ? Sont-ils doués de raison ? Ont-ils la même sensibilité que nous ? Faut-il s’interdire de les manger ? Mais pourquoi donc restent-ils silencieux ? Depuis que Dieu s’est fait homme, que le Christ s’est offert en sacrifice tel un agneau, c’est-à-dire depuis l’ère chrétienne, la condition de l’animal a radicalement changé. Désormais les philosophes se préoccupent surtout de verrouiller le propre de l’homme et de ressasser les traits qui le différencient des autres vivants, lesquels sont considérés comme des êtres négligeables : tenus pour des machines (Descartes) et à l’occasion comparés à des pommes de terre (Kant). Des hommes d’esprit et de coeur font bien sûr exception, au XVIIIe siècle surtout. A leur suite, Michelet dénoncera prophétiquement l’injustice faite aux animaux et annoncera que c’est compromettre la démocratie que de les persécuter. Au XXe siècle, une certaine littérature vient renforcer de nouveaux courants philosophiques pour rappeler que la manière dont nous regardons les bêtes n’est pas sans rapport avec la façon dont sont traités quelques-uns d’entre nous, ceux que l’on déshumanise par le racisme, ceux qui, du fait de l’infirmité, de la maladie, de la vieillesse, du trouble mental, ne sont pas conformes à l’idéal dominant de la conscience de soi. Ce livre expose avec clarté la façon dont les diverses traditions philosophiques occidentales, des Présocratiques à Derrida, ont abordé l’énigme de l’animalité, révélant par la même le regard que chacune d’elle porte sur l’humanité. C’est pourquoi on peut le lire aussi comme une autre histoire de la philosophie. Elisabeth de Fontenay enseigne la philosophie à l’université de Paris-I. Elle a notamment publié les Figures juives de Marx (1973), Diderot ou le matérialisme enchanté (1981).
Florence Burgat, philosophe, travaille actuellement au Laboratoire d’anthropologie sociale du Collège de France. Les hommes entretiennent des relations contradictoires avec les animaux. D’un côté, ils les exploitent, les manipulent et les massacrent. D’un autre, ils se laissent volontiers parasiter, polluer, voire dominer par leurs animaux domestiques. Ils n’ont pas trouvé la bonne distance. Dans cet essai philosophique, Florence Burgat analyse comment, depuis l’Âge classique, l’homme a voulu se définir contre l’animal, comment il a recherché sa différence spécifique dans la non-animalité. S’arrogeant les facultés nobles – la conscience, la pensée, le goût esthétique, le sentiment moral – il en a privé l’animal. Il pouvait ainsi disposer à sa guise de cet être dépourvu de dignité. En contrepartie, l’homme a dû refouler sa propre animalité; notamment sa sexualité, ce qui a fait la fortune des psychanalystes. Florence Burgat ne se contente pas de ce constat négatif. Elle ouvre des perspectives. Elle poursuit la voie tracée par Jean-Jacques Rousseau suivant laquelle l’homme, comme l’animal, est un être sensible, donc qui souffre. Et elle esquisse une nouvelle morale sur cette base.
Dans ce livre culte publié en 1990 aux États-Unis, la chercheuse et militante Carol J. Adams propose une analyse percutante et originale de l’intersection entre l’oppression patriarcale et l’exploitation animale. En retraçant comment la consommation de viande est associée à la virilité, elle montre que la domination masculine repose autant sur le massacre des animaux que sur le contrôle et l’objectivation du corps des femmes. Ce colossal travail de recherche où les analyses sociologiques, historiques, publicitaires se mêlent aux références littéraires (Mary Shelley, Margaret Atwood, Colette…), révèle les structures communes du sexisme, du spécisme, mais aussi du racisme. Insistant sans détour sur la nécessité de la convergence des luttes, l’autrice nous rappelle qu’il est « plus que temps de nous pencher sur la politique sexuelle de la viande, car elle n’est pas séparée des autres questions urgentes de notre époque ». Carol J. Adams est une écrivaine américaine féministe et militante pour les droits des animaux. Son ouvrage principal, The Sexual Politics of Meat: A Feminist-Vegetarian Critical Theory (1990) traduit en français en 2016 (Politique sexuelle de la viande, une théorie critique féministe végétarienne), traite des liens entre l’oppression des femmes et des animaux non humains. Elle a écrit une centaine d’articles dans des journaux, magazines et livres sur le végétarisme, les droits des animaux, les violences conjugales, et les abus sexuels.
Les animaux ont des droits. C’est la thèse que défend Tom Regan dans cette œuvre fondatrice, contribution majeure à la réflexion morale contemporaine. Loin d’être sans pensée, comme l’affirmait Descartes, les animaux que nous mangeons, chassons ou livrons aux expériences scientifiques sont conscients du monde. Leur esprit est empreint de croyances et de désirs, de souvenirs et d’attentes. Ce sont, à ce titre, des êtres dotés d’une valeur morale propre, indépendamment de l’utilité qu’ils peuvent avoir pour nous. Ce n’est pas simplement par compassion pour leur souffrance, mais par égard pour leur valeur que nous devons les traiter avec respect. La théorie de Regan est la formulation philosophique la plus élaborée et la plus radicale d’une éthique des droits des animaux. Elle pose une exigence de cohérence : si nous refusons l’exploitation des hommes, il nous faut également dénoncer l’exploitation des animaux non humains. L’abolition de l’élevage, de la chasse et de l’expérimentation est requise par la justice.
Livre du philosophe australien Peter Singer, paru en 1975. Bien que Singer ne soit pas le premier à défendre l’importance des animaux non-humains en éthique, l’ouvrage est largement considéré comme une base philosophique primordiale pour les mouvements contemporains des droits des animaux. Livre culte de ces mouvements, l’ouvrage a été réédité en 1989 et traduit dans près de quinze langues depuis sa parution. Peter Singer récuse néanmoins l’approche de ce domaine en termes de « droits » : selon lui les intérêts des animaux sont à prendre en compte en fonction de leur capacité à ressentir la souffrance. Il n’est pas indispensable d’utiliser la notion de « droit » pour reconnaître une importance morale aux animaux non-humains et respecter leurs intérêts.
Pédagogie des opprimés (portugais : Pedagogia do Oprimido) est un essai du philosophe et pédagogue brésilien Paulo Freire, écrit en portugais en 1968. Le livre est considéré comme un des textes majeurs de la pédagogie critique ; il expose une pédagogie fondée sur une nouvelle relation entre l’enseignant, l’élève et la société. Selon Freire, la pédagogie traditionnelle relève d’un « modèle bancaire de l’éducation » : elle traite l’étudiant comme un récipient vide à remplir de connaissances, comme une tirelire. Il soutient que la pédagogie devrait plutôt traiter l’apprenant comme un co-créateur de connaissances. S’inspirant de sa propre expérience d’éducateur avec un public d’adultes, Freire oppose, à une pédagogie de la domination, une pédagogie des opprimés, qui favorise la remise en question des valeurs inégalitaires inculquées par les puissants, et la naissance d’êtres nouveaux, ni oppresseurs ni opprimés. En 2000, le livre s’était vendu à plus de 750 000 exemplaires dans le monde[3]. C’est le troisième livre le plus cité en sciences sociales[4]. Il a été traduit en français en 1974 aux éditions Maspéro, et une deuxième fois en 2021 aux éditions Agone.
L’œuvre obtient le prix Goncourt la même année. Au milieu du XXe siècle, le personnage principal, Morel, veut empêcher l’extermination des éléphants en Afrique. Dans le même temps, en Afrique-Équatoriale française (AEF), l’idée d’indépendance commence à se répandre ici et là. L’histoire raconte la lutte de Morel, ses actions en faveur des éléphants, la traque dont il est l’objet de la part des autorités, et, en parallèle, les conflits d’intérêts entre les engagements des uns et des autres : pour les éléphants, pour l’indépendance, pour la puissance coloniale, pour la sauvegarde des traditions, pour la marche en avant de l’homme vers la modernité, pour l’intérêt à court terme, pour l’honneur de l’Homme…L’idée centrale défendue par Gary est la protection de la nature (« et cette tâche est si immense, dans toutes ses implications », écrit l’auteur dans sa courte préface). Mais, par ce biais, il expose aussi la protection d’une « certaine idée de l’homme » que Morel, Minna, Schölscher et d’autres illustrent tout au long du roman. « Il ne faut pas choisir ce qu’on défend : la nature ou l’humanité, les hommes ou les chiens. Non, il fallait s’attaquer au fond du problème : la protection du droit d’exister. Véritable œuvre fondatrice pour l’antispécisme.
La jungle est un roman écrit par le journaliste et romancier américain Upton Sinclair (1878–1968), paru d’abord en feuilleton entre le 25 février 1905 et le 4 novembre 1905 dans le journal socialiste Appeal to Reason (L’Appel à la raison), avant d’être publié en volume en 1906. Il a pour personnage principal Jurgis Rudkus, un immigré lituanien qui s’installe avec sa famille à Chicago, au tout début du XXe siècle, dans le quartier des abattoirs de New City (les « Union Stock Yards ») et de l’industrie de la viande. Tiré à plusieurs millions d’exemplaires, il a été traduit en plus de trente-trois langues. Lors de la parution du roman, de nombreux lecteurs se sont cependant sentis concernés par l’exposé des conditions d’hygiène déplorables dans l’industrie de la viande, qui s’appuie sur une enquête menée sur le terrain par l’auteur en octobre 1904, pour le compte du journal Appeal to Reason. Le président des États-Unis Theodore Roosevelt, pourtant hostile à Sinclair en raison de ses positions socialistes, diligente une enquête à Chicago sur les installations de conditionnement de la viande : celle-ci confirme en grande partie la plupart des éléments décrits dans le roman, conduisant à l’adoption de la Loi sur l’inspection des viandes (Meat Inspection Act ) et de la Loi sur la qualité des aliments et des médicaments de 1906 (Pure Food and Drug Act), qui institue également le Bureau de chimie (rebaptisé en 1930 Food and Drug Administration, « Agence des produits alimentaires et médicamenteux ») du Département de l’Agriculture des États-Unis.